D’après une présentation du Dr Muriel Marion lors du congrès ZOOPSY, in La Semaine Vétérinaire n° 1721 Mai 2017
Dans une société où la performance et la réussite sont plébiscitées, montrer un animal parfait est valorisant et particulièrement recherché par certains propriétaires. Cela peut alors se traduire par une souffrance comportementale pour l’animal et une altération du lien entre l’Homme et l’animal.
Un chien a besoin d’exercice physique (jeux, balades etc) mais il convient de garder à l’esprit qu’il doit également dormir entre 12 et 14 heures par jour. Certains propriétaires ont tendance à emmener leur chien partout avec eux, entraînant de fait une sur-stimulation de l’animal. De même le port de la laisse, même lorsqu’il est rendu obligatoire, peut se transformer en exercice de contrôle. Le chien a besoin de réels moments de liberté pour exprimer son comportement normal : flairer, explorer, communiquer avec ses congénères etc. Le perfectionnisme de certains propriétaires peut les mener à demander à leur chien un effort dont la difficulté réside non pas dans la tâche elle-même, mais dans sa durée.
Les principales manifestations cliniques du surmenage sont des activités autocentrées (prises de contact compulsives, parfois stéréotypées avec le corps), de l’hyper vigilance (sursauts, pas de sommeil profond, en tous cas jamais quand le maître est lui-même vigile) et lors de conflit de motivation (le chien veut faire une action que le maitre lui a interdit ex : aboyer à la clôture au passage d’un congénère) un état de fébrilité généralisé, associé à des couinements ou des vocalisés à bouche fermée.
L’anxiété permanente ou la dépression peuvent être les conséquences d’une forte pression de performance. Chez l’animal, la seule mise au repos ne permet pas toujours de revenir à un état d’équilibre émotionnel, ce qui différencie cette maladie du burn-out chez l’Homme (surmenage professionnel résolu par une mise au repos). De plus certains chiens souffrant d’un déficit d’auto contrôles sont plus vulnérables. En effet, leur motivation alimentaire ou pour le jeu peut être importante et générer un surentraînement de la part des propriétaires.
Le traitement de l’anxiété générée chez le chien surmené consiste à permettre du repos et de la détente au chien. L’objectif est de restaurer le plaisir d’une action commune avec le propriétaire, de diminuer la pression infligée au chien et d’apaiser la relation. Des recommandations en ce sens figurent sur le site de l’ANMCGA http://www.anmcga.fr/le-maitre-de-chien-guide/conseils-pratiques-aux-maitres/#article_23
Ainsi on pourra proposer :
-des balades pendant lesquelles il existe un temps où aucun apprentissage spécifique n’est demandé au chien
-des massages doux (ne pas tapoter, ne pas pétrir), avec une main ouverte, calme et un contact continu, dans un endroit calme dans le lieu de vie du chien, à un moment où aucun évènement ne viendra interrompre cet échange.
D’autres interventions encore peuvent être recommandées, mais la prise en charge de l’anxiété doit souvent être également, médicamenteuse.